Plus que de poser un constat et de pointer les difficultés actuelles des entreprises sur la question du sens au travail, le but de cet article est de questionner sur le sujet, d’amener à un raisonnement afin de développer des pistes pouvant entraîner des solutions d’améliorations pour nos entreprises et les salariés qui les composent.
Une question de sens au travail pour les salariés ?
La question légitime que nous nous posons tous actuellement dans nos organisations concerne celle du sens que peuvent donner les salariés à leur travail depuis la Covid-19 : le sens au travail est-il mis à mal depuis cette crise ? Cette période, encore d’actualité, a-t-elle mis en exergue les dysfonctionnements de nos modèles d’entreprises, de sociétés, de l’organisation du travail ?
En tout état de cause, la question du sens au travail est devenue pour beaucoup d’entreprises un sujet majeur de questionnement voire la priorité à traiter. Vous avez tous constaté que le collectif du travail est, en effet, soumis à de rudes épreuves depuis le début de cette période et révèle de flagrantes inégalités entre les travailleurs : travailleurs en première ligne ou pas, télétravailleurs pour ceux dont les métiers le permettent et ceux qui ne le peuvent pas, travailleurs essentiels et non essentiels, travailleurs citadins et ruraux, management à distance…
Nos habitudes de travail et d’équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle sont également modifiées : lieu de travail, déplacements, consommation, rythme, outils de travail…
Beaucoup se posent des questions sur l’utilité ou l’inutilité que le travail apporte à la société, sur le fait d’effectuer un travail qui ressemble à leurs aspirations, aussi bien sur des questions d’ordres morales et déontologiques que sociétales ou encore écologiques. La question du sens au travail prend donc des trajectoires multiples engendrant des positionnements incertains pour les organisations.
Mon idée ici n’est pas d’être alarmiste sur le sujet cependant les symptômes et signaux liés à la question du sens au travail sont bien là : difficultés à recruter de nouveaux talents dans les entreprises alors que le chômage est toujours endémique (selon une étude de Rexecode 75% des chefs d’entreprises rencontrent des difficultés de recrutement)1, négociations salariales dans des secteurs d’activités devenus moins attrayants post-Covid ou encore la grande démission d’une partie de la population dans son rapport au travail.
Aux États-Unis, ces signaux sont devenus alarmants : c’est un tsunami de démissions appelé « Grande démission » qui s’organise notamment sur les réseaux sociaux. Au total c’est plus de 11 millions de salariés démissionnaires sur la période entre mars et mai 2021, plus 4,3 millions de nouvelles démissions en août 2021. Le phénomène devient mondial, la grande démission touche 14 millions de personnes dans les pays de l’OCDE depuis la pandémie (personnes qui ne travaillent pas et ne souhaitent pas le faire)2. Les difficultés de recrutement se font également sentir en Chine.
Enfin, nous devons porter à notre connaissance que pour les nouvelles générations, la question de sens au travail fait même partie des prérequis pour intégrer une entreprise, un travail.
» Alors, parle-t-on de perte de sens au travail, de valeur, de manque de qualité de vie au travail, de recherche de liberté ou d’aspiration au changement ? «
Quelle définition du sens au travail ?
On pourrait être amené à penser que la question de sens au travail et sa définition diffère en fonction des générations, des catégories sociaux-professionnelles, que nous vivions dans des métropoles ou à la campagne et en fonction de la place et du rôle de chacun dans les organisations au sein du collectif.
Pour nous donner des pistes sur ce qui fait sens au travail, Yves Clot3 donne une définition simple lors d’une conférence sur le sens au travail en date du 29 janvier 2015 à la bibliothèque municipale de Lyon4 : ce qui fait sens au travail c’est quand le travailleur à la possibilité de prendre son travail à cœur, quand la possibilité de bien faire son travail lui est donnée. A l’inverse, on retrouve les notions mal-être au travail voire de mise en danger pour sa santé.
Yves Clot nous donne une piste. Celle de créer un collectif de travail (tel un véritable outil de travail), un endroit, un espace et un temps dans lequel on peut discuter du travail pour définir c’est quoi « faire du bon travail ».
En somme…
» Et si l’implication des travailleurs dans l’activité du travail répondait aux maux actuels de nos entreprises sur la question du sens au travail ? «
Sens au travail, une question d’enjeux pour les entreprises ?
Même si cette période est vécue comme une véritable « catharsis » pour certaines entreprises, pour d’autres elle ne fait que cristalliser les maux qui étaient déjà ancrés bien avant cette crise. Les enjeux des entreprises sont-ils sources de pertes de sens au travail ?
La tâche des entreprises est immense pour répondre aux enjeux actuels, qu’elle corresponde aux enjeux du travail (tout ce qui touche l’organisation du travail, à l’autonomie, la cadence, la responsabilisation des individus), aux enjeux sociétaux (tout ce qui touche les populations au travail, la question du genre, du vieillissement, l’intégration des nouvelles générations, l’égalité salariale, le harcèlement, l’articulation vie privée/vie pro) ou aux enjeux du marché (tout ce qui touche l’économie et les résultats de l’entreprise par rapport aux exigences clients, les innovations en fonction des évolutions environnementales, technologiques, la nécessité de mettre en place de nouveaux process/produits).
Si on considère que les entreprises n’ont pas la volonté de traiter ces trois types d’enjeux (travail, sociétaux et marché) alors OUI, la perte de sens au travail peut se poser pour les salariés.
Rassembler les salariés autour du collectif du travail.
Au-delà des multiples solutions préconçues disponibles ici ou là comme la mise en place de sensibilisation, de formation sur le sujet, de prévention des Risques PsychoSociaux (RPS), de démarche de Qualité de Vie et des Conditions de Travail (QVCT) ou encore de Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE), la méthodologie compte bien plus pour traiter les maux précédemment exposés. Les pistes à explorer sont celles qui mettent l’humain au centre des préoccupations des entreprises, qui promeuvent la création d’un collectif représentatif dans lequel chacun peut librement exprimer son opinion sur l’activité du travail dans le but de faire du bon travail qui fait sens.
La constitution d’un collectif de travail n’enlève en en rien les prérogatives des entreprises et des managers. Le but est toujours d’assurer la performance et la pérennisation des entreprises dans lesquelles les managers se positionnent comme de véritables chefs d’orchestre, des coachs.
En résumé, travailler sur le collectif du travail répondrait à une logique de rapport gagnant/gagnant où les travailleurs trouveraient un sens au travail (sentiment d’utilité, intérêt pour l’activité réalisée, travail bien fait) dans des relations humaines satisfaisantes autour de l’équilibre vie perso/pro.
» Alors qu’attendez-vous pour changer de paradigme en 2022 et donner du sens au travail ? «
Comment pouvons-nous vous aider ?
Nos méthodes à votre disposition :
– Sensibilisation à la QVCT pour comprendre comment allier amélioration des conditions de travail pour les salariés et performance globale des entreprises https://5sens-conseils.com/accompagnement/
– Formation « Nouvelles Pratiques Managériales » pour apprendre aux managers à travailler ensemble, construire un collectif de travail et impliquer les individus https://5sens-conseils.com/formations/nouvelles-pratiques-manageriales/
– Formation « Développer ses Qualités d’Analyse – Favoriser le Management Coopératif » pour apprendre à créer les conditions qui favoriseront un management coopératif https://5sens-conseils.com/formations/developper-qualites-analyse-management-cooperatif/
En savoir plus, lire nos précédents articles :
L’ère du « co- » : mode ou réelles intentions ? : https://5sens-conseils.com/lere-du-co/
Bien-être au travail et qualité de vie au travail, il est où le bonheur, il est où ? : https://5sens-conseils.com/qualite-de-vie-au-travail/
Management et développement des soft skills : valeur ajoutée pour votre entreprise ? : https://5sens-conseils.com/management-et-developpement-des-soft-skills-valeur-ajoutee-pour-votre-entreprise/
Article rédigé par David SALVADORE, dirigeant depuis 7 ans de l’organisme de formation 5 Sens Conseils, D.U en Psychologie de l’Homme au travail, certifié ICPF PRO consultant formateur confirmé dans les domaines du management, de la communication et de la qualité de vie au travail, formation au Pilotage d’une démarche QVT à l’ANACT.
A propos de 5 Sens Conseils : OF spécialisé en formation management, formation communication et QVCT, basé à Strasbourg.
Sources :
1 Baromètre Rexecode-BpiFrance Le lab, Novembre 2021 : http://www.rexecode.fr/public/Indicateurs-et-Graphiques/Enquete-Tresorerie-Investissement-et-Croissance-des-PME/Les-difficultes-de-recrutement-sont-redevenues-le-principal-frein-a-la-croissance-des-PME-en-France
2 Article du 20 octobre 2021 dans le Courrier International : https://www.courrierinternational.com/video/video-la-grande-demission-sur-tiktok-ces-americains-qui-se-filment-quittant-leur-emploi?utm_medium=Social&utm_source=Facebook&Echobox=1634718346&fbclid=IwAR07zCTO_3VawbT8-OYgutPZ0L5z6R8_IA0sWXrg8JodKt1-IMAcjhDrIHk
3 Yves Clot : psychologue du travail et titulaire de la chaire de psychologie du travail au Conservatoire National des Arts et Métiers. Il appartient au CRTD, laboratoire de référence sur les questions de santé au travail.
4 Conférence sur le sens au travail en date du 29 janvier 2015 à la bibliothèque municipale de Lyon : https://www.bm-lyon.fr/spip.php?page=video&id_video=784